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DAN GRAHAM;

La fonction perceptive du spectateur peut être méthodiquement perturbée par Dan Graham qui se présente face à un public, avec un miroir dans son dos Performance/Audience/Mirror, 1975. Là, il développe un discours alors même que les spectateurs perdent tout attention, confrontés qu’ils sont à leur propre image de face, et gagnés par la gêne d’avoir à s’observer les uns les autres. Le même Graham peut compléter l’usage du miroir par l’installation d’une captation vidéo en léger différé, de sorte que le regard s’affole entre l’action effective, son reflet en temps T et sa restitution en temps décalé.

Enfin, les stratégies de la performance, en impliquant directement les artistes dans leur présence non médiée, peuvent favoriser les démarches autofictionnelles, produisant de troublantes mises en scène imaginaires de leur propre réalité. C'est le cas, par exemple, d'une Sophie Calle 

REPRÉSENTATIONS EN DÉROUTE 

UNE ACTION NON REPRODUCTIBLE 

Une performance ne saurait être composée par un auteur et interprétée par un autre artiste – sauf protocole exceptionnel qui aurait été délibérément pensé dans ce sens, ou bien encore dans les cas de reconstitution « patrimoniale ». Par ailleurs, la performance ne recherche en rien l’adhésion d’un public – et notamment pas ses applaudissements. Elle est action, percutante. Non spectacle développé. 
Du reste, elle peut excéder les cadres habituels de la perception d’une représentation. Cela peut passer par la production d’une action quasi imperceptible, telle cette déambulation de Seulgi Lee (Story of a grapefruit, 1999) pendant une heure dans les rues de Chicago, dans l’attitude d’une passante anonyme, mais présentant l’anomalie de tenir un poignard à la main. Pour Seedbed (1972), alors même qu’il est couché et se masturbe sous leurs pieds, Vito Acconci demeure totalement dissimulé aux visiteurs d’une galerie, sous une passerelle que ceux-ci empruntent sans s’apercevoir de sa présence.

ENGAGEMENT

 

Le passage aux limites est alors une stratégie permettant d’ébranler les codes qui conditionnent la perception, aussi bien du performeur que de son spectateur. Et cet engagement va jusqu’à la prise de risque la plus effective. 
Chris Burden est finalement blessé quand il demande à un partenaire de lui tirer dessus à la carabine (Shoot, 1971). Il explique concevoir son art sur le mode d’un « travail d’enquête ». Tout autant, il se fera crucifier sur le toit d’une automobile de marque très populaire (Trans-Fixed, 1974), ou brisera la glace pour nager à température extrême (Through the Night Softly, 1975). 

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