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Nationalité : française
Naissance : 16 mai 1898 à Paris
Mort le : 21 juillet 1964

Métiers : Peintre, Sculpteur

 

 

Jean Fautrier

Suite au décès prématuré de son père, Fautrier part s’installer à Londres avec sa mère. Dès l’âge de 14 ans, il étudie à la Royal Academy puis à la Slade School of Art. 
Il rentre en France au début de l’année 1917 pour y faire son service militaire. En 1918, alors qu’il est au front, il subit de graves blessures dues au gaz toxique dont il devra assumer les conséquences à vie. Fautrier recommence à peindre lors d’un séjour de convalescence au Tyrol en 1920-21. Il peint des tableaux aux personnages expressifs, des portraits et des natures mortes dont le trait de pinceau et la conception presque caricaturale rappellent les œuvres de Chaim Soutine. Parallèlement à cela, il crée en 1925-26 des compositions expérimentales singulières dans lesquelles le motif apparaissant au milieu de gestes hâtifs d’application de couleur monochrome est quasiment méconnaissable. 
Dès 1923, il expose ses tableaux à Paris et est sous contrat avec la célèbre galerie parisienne Guillaume à partir de 1925. Après des ventes réussies de début de carrière, Fautrier prend de plus en plus ses distances par rapport à la peinture dans les années 30.
Il quitte Paris définitivement en 1934, devient alors professeur de ski à Tignes puis brillant gérant d’un hôtel du Val d'Isère. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Fautrier quitte les Alpes et rentre à Paris en 1940 après être passé par Marseille et Aix-en-Provence.
Il arrange son atelier qui devient le point de rencontre de ses amis actifs dans la Résistance. Après une arrestation de courte durée, Fautrier trouve refuge dans le sanatorium du docteur Lesavoureux. Il y crée la série des "Otages" jusqu’en 1945. Ils sont à l’origine de sa future célébrité. De 1949 à 1954, il interrompt de nouveau son activité de peintre en raison d’une situation financière critique. André Malraux, écrivain et futur ministre français de la culture, alors éditeur chez Gallimard, lui confie la prise en charge graphique d’ouvrages d’art. 

L’art informel

Fautrier est considéré par les historiens de l’art comme l’un des initiateurs de l’art informel. Par

leur caractère inventif, ses hautes pâtes scandalisent le public après la deuxième guerre

mondiale. Les œuvres auxquelles aboutit l’artiste, grâce à la découverte de ce procédé technique,

ne peuvent en effet être classées ni dans l’abstraction, ni dans la figuration : cela est nouveau ;

elles sont autres. En 1952, dans son livre intitulé L’art autre, Michel Tapié définie l’art informel

auquel il rattache la peinture de Fautrier. Celui-ci se montre pourtant assez critique vis-à-vis d’un

tel classement de son art et de l’appartenance à ce courant pictural, car pour lui « la peinture

délirante, le geste spontané, la fusion de matières sidérantes, la peinture en quinze minutes… ne

sont que propos de vente et de propagande… ce n’est certes pas toute la littérature sur l’art

informel, rédigée dans le style pharmaceutique connu, qui a pu donner quelque éclaircissement »

En France, le courant informel est notamment représenté par Soulages et Hartung, dont tu as vu

des œuvres au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, et par un allemand installé à Paris, Wols

que connaissait Fautrier.

Illustration : Soulages, « Peinture », 1970 ; sur le site Internet du Musée d’Art moderne de la

Ville de Paris, http://www.mam.paris.fr/fr/oeuvre/peinture

Illustrations de l’œuvre de Hartung ; sur le site Internet de la Fondation Hartung Bergman

http://www.fondationhartungbergman.fr/fon/

Illustrations de l’œuvre de Wols ; sur le site Internet de la Tate Gallery,

http://www.tate.org.uk/servlet/ArtistWorks?cgroupid=999999961&artistid=2164&page=1

L’art informel français peut être rapproché de l’expressionnisme abstrait américain ou de l’action

painting. Appréciée par Fautrier, l’Ecole américaine se fait connaître à Paris et ailleurs en Europe

après 1945, avec notamment Pollock et Tobey, dont tu as pu voir un tableau au Musée d’Art

moderne de la Ville de Paris. 

 

 

http://culturebox.france3.fr/depotimg/images-out-16-9/video/200906/11914/353011i_0_2.jpg

Après le traumatisme de la seconde guerre mondiale, la volonté des artistes de

repartir à zéro

Ses atrocités et ses morts par millions, la découverte des camps de concentration, les bombes

d’Hiroshima et Nagasaki, vont profondément marquer les artistes. Les outils traditionnels de l’art

ne permettent pas de donner une réponse formelle à ce traumatisme. Pendant la guerre et avant

que ne s’ouvre la période de la guerre froide entre bloc est et ouest, communisme et capitalisme

en 1949, de nombreux artistes vont chercher une création permettant de repartir à zéro, loin des

idéologies qui ont abouti au désastre de 1939-1945. Ces recherches vont déboucher sur une

certaine unité artistique et notamment sur le courant de l’art informel.

 

La technique de la haute pâte de Fautrier :

• Pour parler des crimes nazis, Fautrier abandonne l’angle uniquement figuratif dans

la représentation de la figure humaine et il invente aussi une nouvelle technique.

 

 

Jusqu’au début de la seconde guerre mondiale, il a privilégié l’huile sur toile, la technique

traditionnelle de la peinture.

 

Fautrier explique qu’alors la peinture à l’huile le « dégoûtait ». Il préfère ensuite l’huile sur

papier marouflé sur toile et crée des hautes pâtes.

Fautrier portait déjà un intérêt à la matière, qu’il travaillait de manière visible en sculpture comme en

peinture, s’attardant sur les effets de creux et de relief.

ces effets s’accentuent avec les hautes pâtes qui produisent un résultat totalement différent.

Pour ces dernières, Fautrier prend du papier collé et marouflé sur toile. L’artiste

n’utilise pas de chevalet ; il peint à plat en raison du poids de la haute pâte, mais

également pour que la matière puisse s’étendre et déborder avant de se prendre. La

matière étant en elle-même indistincte et inerte, les couches superposées sont ainsi

soumises aux lois de la géologie.

Fautrier dispose de l’enduit de blanc d’Espagne et de colle sur le papier.

Cet enduit restera visible par endroits : il constitue une matière solide et transparente à la croûte

dure et inégale donnant la sensation d’une substance dans laquelle l’image flotte.

Le peintre crée alors la première image au pinceau, avec des encres. Fautrier

répand des poudres ou semblables matériaux sur l’enduit encore humide, ce qui donne

cet aspect de substance brute. L’artiste passe à ce moment une première couche de

pâte, en suivant à peu près le dessin. Des poudres de couleurs sont ensuite éparpillées,

puis d’autres couches de pâte, plus ou moins amples et nombreuses, superposées à la

spatule.

Des poudres de couleur sont enfin placées sur la dernière couche. Fautrier trace

un dessin au pinceau sur la pâte et alentour. Avec un ébauchoir de métal ou autre

instrument, il creuse des sillons dans la pâte. 

 

 

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