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Comment j’ai voulu partir dans cette aventure, je ne sais pas. Il était impensable que 

 

je n’en fasse pas partie.

 

En regardant les dessins de Luc, j’ai vu les montagnes, le mythe déjà qui 

 

commençait.

 

Il s’agissait de revenir dans mon pays d’enfance, une occasion d’enregistrer ces 

 

lieux, l’effort des hommes.

 

À Paris, les gens sont sceptiques, pourquoi faire cette performance ? Hannibal est 

 

loin. Dans mon souvenir, sur des gravures, il était au milieu des Alpes faisant une 

 

guerre terrible, des éléphants tombaient dans les précipices, et parallèlement Roland 

 

de Roncevaux sonnait de la trompe pour appeler au secours.

 

Anachronisme, déjà, être dans la légende.

 

À Marseille, tout le monde connaît Hannibal, en tout cas, beaucoup veulent qu’il 

 

existe. C’est réconfortant. Il est clair qu’on va vivre ensemble quelque chose de fou.

 

Lorsque je suis en tournage, je plonge sans me poser de question autre que 

 

technique. Ici, j’ai réussi à avoir les micros que j’espérais, on a des panneaux 

 

solaires, un projet fou qui s’appuie sur de la technologie du 21ème

 

Une boule au ventre, une petite appréhension. On part à 5H du matin, avec Léa, Luc 

 

et Alain, conduire l’éléphant à Larche, au pied de la montagne et du chemin à venir.

 

En route, je redécouvre les paysages que j’ai connus, il y a très longtemps, un 

 

autre temps, tellement loin. Ma mémoire a trié beaucoup et tout est vague, tout est 

 

à regarder à nouveau pour engranger de nouveaux souvenirs. C’est un choc de 

 

retrouver la montagne après 30 ans. Une très grande émotion de me dire que j’ai fait 

 

partie de cette région.

 

La géographie intérieure n’a rien à voir avec la réalité. On se crée des reliefs, des 

 

couleurs et ce qu’on a sous les yeux est différent. Surprise.

 

Des noms connus mais rien de reconnu.

 

J’ai toujours arpenté des territoires pour concentrer ma pensée, afin d’ordonner 

 

ma vie. La marche au milieu d’espaces libres, a toujours été le moyen d’exister, de 

 

pouvoir retourner en ville parmi les autres et vivre avec eux. 

 

Pour une fois, je marche avec d’autres, dans un but précis, un but fou mais poétique. 

 

Dans quelle mesure penser cette aventure avant qu’elle ait eu lieu, comment la 

 

retranscrire au plus juste ? Quel angle prendre ?

 

C’est la question qui vient dans nos discussions avec Léa.

 

On est venu tôt à Larche, la montagne est là comme en attente de nous, ou bien 

 

c’est le contraire. Le chemin que l’on va prendre est flou pour moi, je ne comprends 

 

pas comment on va aborder ces Alpes.

 

Hannibal, un conquérant, regardant les obstacles avant de les affronter. Il a voulu 

 

franchir les montagnes avec des éléphants pour marquer les esprits, impressionner 

 

un immense adversaire. On dirait en lisant les récits, que le monde a tremblé, la terre 

 

elle-même. Et tout est calme autour de ce village de Larche.

 

 siècle.

 

Il fait froid, mais la lumière est belle. La cloche du village est claire, il y a peu de 

 

monde, les grillons chantent sans discontinuer. Avoir des sons humains, d’un lieu de 

 

vie avec voitures, une marque de civilisation avant de tout quitter.

 

C’est sûrement de ça qu’il s’agit, tout quitter pour vivre en dehors du schéma 

 

quotidien, un peu de répit dans cette vie qui est tout de même dure. Créer du rêve et 

 

l’éprouver.

 

C’est le jour du départ, il ressemble à un jour de fête. Juliette et Valentine 

 

haranguent la foule, on se croit au Moyen-âge, une pièce se joue au milieu du 

 

marché, au pied de l’éléphant chargé, très beau.

 

L’aventure démarre comme un dimanche à la campagne, beaucoup de monde est là 

 

pour pousser, tirer, et le cortège avance vite.

 

On est sur une petite route qui s’enfonce dans la forêt. Un pneu crève, on le change, 

 

on continue. Il y a un enthousiasme fou, les promeneurs nous regardent, aident. 

 

Dans le parc du Mercantour, le gardien nous ouvre la porte, le décor est superbe, la 

 

montagne se dresse au fond.

 

On va au col de Larche et je ne sais pas où il est. Il n’y a plus qu’un sentier au milieu 

 

des prairies, des marmottes, le but paraît vraiment loin. Mais l’éléphant se déplace 

 

toujours. 

 

Tout à coup, le col est là, pas si haut, l’étape est complète, et c’est magique ! 

 

pourquoi à cet instant ? parce que ça marche, cet objet volumineux, encombrant, 

 

franchira les Alpes.

 

On campe plus loin, à l’entrée du sentier du lendemain. L’équipe est là, ensemble 

 

pour pas mal de temps !

 

Le ciel est rempli d’étoiles et la voie lactée a un tracé tellement net, tout ce ciel vous 

 

explose au visage. Notre place est précise au sein de l’univers. 

 

Le matin, je sors de la tente et l’éléphant me surprend, il est encore là, immobile, 

 

bientôt il va bouger. On attend de la famille, un couple d’Italien qui trouve la chose 

 

grandiose, ça va être une belle journée.

 

On charge, on range, on est prêt. Léa et moi, on essaie de se faire une idée d’un 

 

film, du récit de cette aventure artistique. Il faut prendre un rythme, savoir quel 

 

point de vue est le meilleur. Regarder ce qui se passe autour de cette sculpture, 

 

comment les corps s’éreintent. C’est ce que j’aime le plus, la pesanteur des corps 

 

face à l’effort, au chemin. Comment, l’être humain Å“uvre avec cette pesanteur. Il 

 

s’en décolle parfois et retombe ancré dans le sol. C’est ce qui est fascinant dans la 

 

danse.

 

s.

On avance dans la montagne par un sentier, large, caillouteux. Deux crevaisons et le 

 

problème des roues de secours se pose. Je ne vois pas ce voyage s’arrêter à cause 

 

d’une roue. Les questions techniques reviennent au galop. Le doute s’installe, et 

 

c’est peut-être, à ce moment-là, le seul point commun avec l’art. La création d’une 

 

Å“uvre nécessite des remises en question pour aller plus loin. 

 

La journée a été dure, on est allé moins loin que prévu. Est-ce la distance parcourue 

 

ou bien la façon de l’avoir parcourue qui est important ?

 

La lecture d’un texte sur l’épuisement et la recherche du bonheur. On redevient des 

 

êtres pensants. Ce voyage est une quête du bonheur, comment l’atteindre en faisant 

 

quelque chose de plus grand que soi.

 

Les ombres changent sur les montagnes environnantes et il m’apparaît que ces 

 

massifs deviennent des personnages de l’histoire. Ils expriment quelque chose 

 

d’abstrait qu’il est difficile d’exprimer, ils sont vivants, évoluent sans cesse. Sous 

 

les lumières différentes, le relief n’est plus le même, tantôt adouci tantôt durci. La 

 

matière des arbres, des alpages, des rocs se métamorphose. Le monde bouge. Il 

 

faut se poser pour le voir.

 

Derrière le campement, se trouve un cirque entouré de murailles rocheuses, elles me 

 

renvoient leur force, c’est de l’autre côté qu’on ira et ça me réjouit. La montagne est 

 

d’une puissance folle, elle a pour moi un magnétisme qui m’emporte et me protège 

 

en même temps.

 

Le lendemain, la route continue. Il y a encore beaucoup de pousseurs. Je m’éloigne 

 

avoir du silence, par contraste. Il est onze heure et le chemin passe au-dessus du 

 

village de Larche. Je veux les cloches de loin, faire une mise en scène, l’éléphant 

 

puis le village en contrebas. Plusieurs plans sonores.

 

Et cela se passe ainsi : on est dimanche, la cloche sonne le début de la messe et 

 

l’équipe de mortels, marche, sans autre religion que la poésie.

 

À midi, on mange près du premier obstacle sérieux. Des renforts arrivent. Plus bas, 

 

une prairie, et il paraît qu’après c’est une pente impraticable !

 

Pour moi c’est le point où nous entrons réellement dans les Alpes. Il n’y a plus de 

 

chemins larges, mais des sentiers étroits.

 

La descente de l’éléphant se fait au treuil, et avec des cordages, il ne faut pas qu’il 

 

tombe. Quelqu’un déblaie le sentier, l’aplanit, l’élargit. Dans ce mouvement, l’équipe 

 

progresse. Se mettre en mouvement, c’est déplacer de l’énergie et se modifier soi et 

 

le monde autour. 

 

Ouvrir un chemin, restructurer le paysage est une chose profondément humaine. 

 

C’est la première fois que je marche en modifiant l’environnement.

 

En tant qu’ingénieur du son, je traverse les lieux, les évènements, je les observe et 

 

me tiens à une distance que j’espère juste pour en retirer l’impression la plus proche 

 

d’une réalité que je perçois.

 

L’éléphant craque, grince, il s’ébranle porté, accompagné. Comme lorsque les 

 

fourmis transportent une feuille, une grappe d’humains est accrochée à lui. Cela 

 

devient une volonté de survie. Sans cette pièce maîtresse le voyage ne peut se faire.

 

Après une descente encore vertigineuse au milieu des arbres, l’éléphant est posé 

 

près d’un torrent. L’endroit est idyllique, il permet le repos.

 

Le soir, l’équipe de base est là et nous ne sommes vraiment pas nombreux. On sait 

 

que demain, il n’y aura pas d’aide extérieure.

 

Un texte nous est arrivé par Email. Quelqu’un nous attend à Tahiti, il nous verra 

 

surgir de derrière la montagne la plus haute, bientôt, et dans la nuit, cela me paraît 

 

complètement plausible, derrière ces cimes, ce n’est plus seulement l’Italie mais 

 

Tahiti. Le conte est en train de s’écrire, un récit qu’on transmettra, qui a sa réalité 

 

pour un groupe restreint d’artistes un peu dingues.

 

Les légendes, les histoires fabuleuses, un savoir empirique de la vie, ont fabriqué 

 

mon monde. 

 

Lorsque je fais du son, je me trouve d’emblée dans un univers réinterprété par une 

 

technologie, l’air vibre pour se graver sur un support. Grâce à cela, les sons peuvent 

 

être réécoutés, revécus. C’est ce qui m’attendra en rentrant.

 

Un oncle me disait un jour que je ne faisais que ressasser du passé avec mes 

 

enregistrements, et que pour sa part, il préférait aller toujours vers l’avant. 

 

Ressasser, replonger dans un univers me permet de le réinterpréter, de modifier 

 

la perception que j’en ai au moment où je l’écoute. J’aime épuiser un sujet pour en 

 

relever l’essence. C’est un rôle de l’artiste que de jouer avec la mémoire, collective 

 

ou individuelle.

 

Je vais prendre des sons à droite, à gauche, et je sais marcher dans cette montagne, 

 

comment poser le pied pour avoir des appuis sûrs. La mémoire resurgit à travers les 

 

mouvements du corps. C’est rassurant, chaque geste est imprimé pour resservir au 

 

moment opportun.

 

Aujourd’hui, l’acoustique de la montagne a changé, les voix résonnent le long des 

 

parois, les marmottes sifflent. Tous ces sons sont éclaircis et cela tranche avec le 

 

chemin qu’on a eu jusqu’à présent. La sensation d’espace s’est amplifiée. 

 

Plus tard, je découvre la progression de l’éléphant, elle est phénoménale. Après la 

 

montée, derrière un rocher, une colline d’herbes rases et encore derrière, près d’une 

 

rivière, l’éléphant trône. Le paysage a encore changé, j’en suis ébahie, on est sur 

 

un plateau, des éboulis et des crêtes nous surplombent. Les nuages avancent, des 

 

nuées descendent le long des parois, le vent est fort. Des cloches tintent au loin, 

 

un troupeau de moutons coule depuis les sommets jusqu’à la bergerie. Essayer de 

 

saisir ce qui s’entend et définit ce nouveau lieu. Autour de quels sons s’organise la 

 

vie dans cet endroit en particulier. Ponctuer le voyage de ces à-côtés qui fabriquent 

 

un univers.

 

Cette nuit, il a plu. Aucune nuit n’est reposante. Le corps change, j’ai les mains 

 

gonflées, les yeux, les genoux aussi, l’effort est grand et s’incruste dans le corps. 

 

Aujourd’hui on doit : traverser le plateau, monter une colline, puis une autre et 

 

retrouver un autre plateau. Que se passerait-il si on laissait cet éléphant seul et 

 

immobile.

 

Il est devenu un objet d’idéal, une Å“uvre qui se crée en avançant, et faire un pas 

 

sans lui est impensable. C’est un objet sur lequel s’est cristallisé un désir, celui 

 

de porter le rêve. Est-ce qu’on s’attache à cette chose inerte ou à l’action qu’on 

 

a dessus. C’est parce qu’il est poussé qu’il devient une Å“uvre poétique, je m’en 

 

aperçois plus tard quand j’abandonne mes micros pour pousser et tirer aussi. 

 

Toucher cette masse n’a rien d’anodin, je suis tout contre, je me confronte à sa 

 

matière, son poids, le rapport est changé.

 

Je pense au rhinocéros de Fellini dans E la nave va, sauf qu’ici la bête est libre et 

 

avance dans un espace immense. Elle ne meurt pas, mais au contraire, prend vie. 

 

On s’appuie sur un mythe qui n’est pas mort après des siècles : Hannibal.

 

Ce soir, le col des Monges est en vue. 

 

Au milieu de la nuit, les Patous font leur ronde, d’abord près des tentes puis en 

 

cercle de plus en plus grand. Des gardiens massifs, je n’ose pas vraiment sortir pour 

 

les enregistrer. 

 

La nuit est peuplée, je commence à vraiment l’entendre. La toile de tente est une 

 

protection fine, juste assez pour avoir l’impression d’être sauf mais pas assez 

 

épaisse pour s’extraire de la montagne.

 

Ce matin, les moutons ont envahi notre terrain. Ils broutent et cela fait un bruit 

 

assourdissant à travers les micros. J’aime enregistrer de l’inouï.

 

Se présente le col des Monges. Dans un vent qui souffle en rafale, on filme, 

 

enregistre cette montée. Les voix apparaissent et disparaissent au gré des 

 

mouvements du vent et de la progression de l’équipe. Le ciel est depuis un certain 

 

temps un espace abstrait, on agit sur la terre, on y est ancré, on lutte pour avancer, 

 

la question de la pesanteur, de la condition humaine revient avec force. 

 

Des personnes lâchent leur vélo pour venir nous aider, faire partie de l’épopée car 

 

c’est ce que cette performance devient au fil des jours.

 

Nous arrivons au passage de la frontière, nous quittons la France, en pleine 

 

montagne. Enfin arrivés au col, une grande émotion nous prend car un monde nous 

 

attend. C’est une victoire d’être arrivés jusque-là.

 

À deux pas, l’air porte de l’humidité, une douceur, une chaleur. La vue est 

 

magistrale, une plaine verte entourée de cimes rocailleuses, des vaches et plus tard, 

 

l’Italie. Est-ce qu’Hannibal l’a vue comme ça, sous un ciel bleu ?

 

On imagine l’armée postée tout le long du col regardant le chemin qu’il lui restait 

 

à faire. C’est à cette frontière qu’il a dû, paraît-il, encouragé ses soldats afin qu’ils 

 

poursuivent le chemin pour vaincre Rome. 

 

Pour nous, c’est l’étape que l’on voulait franchir, un symbole, passer outre. 

 

Après on va redescendre.

 

On doit dormir dans une caserne désaffectée. On s’y dirige, mal, on se trompe de 

 

direction, on désespère de fatigue, l’éléphant est resté seul au col, il est tout petit, 

 

une curiosité dans le paysage. 

 

Le découragement passe vite dans un voyage pareil. Le fait d’agir, de vivre en 

 

groupe change le point de vue sur les évènements.

 

Sur la fenêtre, on a accroché une cape de pluie bleue, et sur la porte une couverture 

 

de survie dorée. Le lendemain matin, le soleil entre dans notre chambre, et des 

 

reflets dorés oscillent sur les murs de plâtres, la cape bleue est tombée en partie 

 

nous offrant un drapé ; tout est digne d’une église du quattrocento, Masaccio, Giotto, 

 

une fresque pourrait surgir, apparaître sur ces murs.

 

Je sors et le silence est dense, les ailes d’un choucas claquent et je peux toucher 

 

ce son. Le panorama est sublime, il y a la vallée en bas, recouverte par des nuages 

 

cotonneux, les sommets sont pour quelques-uns encore enneigés. Que de visions 

 

au cours de cette immense performance ! Est-ce que regarder c’est toucher. Être 

 

impressionné, c’est-à-dire marqué par ce que l’on voit au sens photographique.

 

Léa, Valentine et moi prenons le temps d’expérimenter des choses pour le film. 

 

On enregistre des textes dans le couloir. Les fréquences se mélangent, un écho 

 

particulier déforme la voix, c’est une nouvelle interprétation des textes reçus par 

 

Email. Dehors, le silence est toujours aussi dense, sans vent, dans la chaleur.

 

En fin de matinée, des personnes arrivent sur le sentier à l’aplomb de notre perchoir. 

 

D’abord deux, puis quatre, puis encore, et il est certain que ce sont les Italiens 

 

promis ! 

 

Le drapeau du syndrome Hannibal claque dans l’air, on est heureux. La descente 

 

du pas de Cavale va être possible. On dirait qu’on est des naufragés sauvés par un 

 

navire. C’est pourtant nous qui voyageons avec un vaisseau qui grince, tangue.

 

L’éléphant a déjà avancé, quitter le col et descend les collines. Chacun converge 

 

vers un seul point, pour voir la bête, certains regardent sceptiques, mais ne peuvent 

 

s’empêcher, au bout d’un moment, de faire partie de la caravane.

 

Chaque soir, on se dit qu’on ne passera pas et le lendemain, quelque chose arrive 

 

qui fait que l’aventure continue. C’est la construction du conte.

 

En début d’après-midi, le pas de Cavale est là, l’obstacle nous attend, c’est une 

 

succession d’éboulis. Pas un instant, je n’ai senti de danger, malgré les difficultés, 

 

l’éléphant a été pris en main comme un objet précieux qu’il fallait maintenir debout.

 

Le treuil, les cordes et le monde autour qui glisse sur les cailloux. Un rythme 

 

s’installe. Mètre par mètre, on descend, et la joie éclate, on a réussi. Les visages 

 

sont heureux, un bonheur profond. Magnificence de l’inutilité ! 

 

Le chemin italien est une succession de pentes, on va trop vite. La dernière descente 

 

est silencieuse, on la voudrait infinie, elle est pénible car trop facile. Ce silence, je 

 

le voulais, pour dire la fatigue, l’émotion d’avoir accompli une performance épique, 

 

l’émotion de quitter l’objet du rêve, quitter la montagne, un lieu de passage, pour la 

 

plaine, un lieu où l’on s’installe. 

 

Arrivée à Marseille ce qui me marque, ce sont les murs de l’appartement. Je 

 

comprends les nomades qui ont du mal à vivre dans une maison. Être en contact 

 

avec l’extérieur, cela met en mouvement, cela veut dire la marche, la perspective des 

 

rues, des chemins. Avoir l’espace d’étirer les bras, de se déplier pour que le corps 

 

existe.

 

Dans cette aventure, tout le corps et l’esprit se sont mis au service de l’imaginaire. 

 

Apprendre en éprouvant afin que la mémoire retienne les impressions les plus juste

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